Et si les organisations qui travaillent avec les entreprises adaptées devenaient des laboratoires remarquables, exemplaires pour leurs pratiques innovantes de management et de formation ?
Quand un acteur économique de poids, comme Sodexo et ses 35 000 collaborateurs français, développent de nouveaux modèles économiques dans le monde de la restauration collective, on peut alors débusquer des innovations RH inspirantes.
Fractal, vous avez dit fractal ?
Le métier de Sodexo est originellement de préparer des repas pour la restauration collective. Gros employeur, elle applique bien entendu ses engagements de politique diversité et inclusion, et sensibilise tous ses effectifs sur les questions de handicap.
Mais au-delà de ses obligations légales, de ses engagements sociétaux, l’entreprise s’est lancée sur une approche vraiment innovante dans le monde de la restauration.
En effet, parmi ses clients figurent de nombreux établissements qui accueillent du public en situation de handicap. IME, ESAT, entreprises adaptées, sont autant de lieux où les repas conçus et produits par Sodexo sont consommés. Jusque-là, rien que de très normal dans le marché de la restauration collective.
Par contre, parmi ces clients se trouvent des organisations de l’Économie Sociale et Solidaire qui font appel à l’expertise de Sodexo. Non pas pour qu’elle leur fournisse des repas, mais pour qu’elle les accompagne et les forme dans la réalisation des repas au sein de leurs sites.
Ainsi les collaborateurs, chefs cuisiniers, se retrouvent dans le rôle de formateurs, accompagnateurs, animateurs d’ateliers, tant pour des personnes handicapées que des personnes âgées ! Il va sans dire qu’intervenir avec ces types de public nécessite impérativement une très grande dose d’adaptation, de prise en compte des particularités des publics concernés. Cela implique une posture, un ton, des contenus, des méthodes pédagogiques individualisées, personnalisées. Par exemple, chaque journée de travail ne peut commencer sans un temps d’accueil, autour du café partagé par tout le monde. Il est incontournable de repérer dans quel état émotionnel se trouvent chacun des participants. En fonction de cela, l’équipe Sodexo et les encadrants de la structure sauront ce qu’ils vont pouvoir attendre, demander à chaque individu.
Une chose est frappante en écoutant les chefs cuisiniers, les managers ou le DRH qui travaillent avec des personnes en situation de handicap. Pour eux, leur rôle c’est d’accompagner à grandir chaque être humain. Cette question est centrale et guide chacune de leurs décisions. Chaque collaborateur nécessite une prise en compte individualisée de sa situation, de sa personnalité, de ses capacités. Pour les encadrants, comme pour les formateurs, il y a une obligation d’individualiser, de personnaliser ses actions. Les singularités ne sont pas comptabilisées en creux, tels des handicaps, mais autant de potentiels humains qu’il s’agit d’identifier, afin de s’appuyer dessus et de développer. S’intéresser ainsi aux individus est leur raison sociale d’être, leur mission première, avant même les impératifs financiers de production qui incombent à l’entreprise.
On peut ainsi dire que les professionnels de la formation qui travaillent avec un public composé de personnes en situation de handicap, mais tant autant ceux qui travaillent avec des dyspraxiques, développent une expertise tout à fait unique dans l’individualisation.
A l’heure où ces questions de l’individualisation et de l’accompagnement sont identifiées comme des éléments clefs de la réussite des dispositifs de formation, cette expertise peut être une source d’inspiration pour tous les autres acteurs de la formation, qui œuvrent dans des organisations conventionnelles. Ne serait-il pas précieux de provoquer et faciliter le partage et les transferts de ceux qui sont porteurs de ces expérimentations et de ces savoir-faire précieux ?
Les fruits de ces partenariats sont multiples. D’abord des belles histoires dans ces centres d’accueil : suite à ces formations aux métiers de pâtissier, de cuisinier, de commis de cuisine…nombreuses sont les personnes handicapées qui quotidiennement en ont fait leur métier.
Ensuite, ce sont aussi ces organisations, associations et entreprises intermédiaires qui se transforment grâce au business croisé qui se développe avec Sodexo. Ce poids lourd de l’alimentaire, devient en effet client de ces structures, en achetant une part de leurs productions, en distribuant les produits réalisés par ces clients.
Malin, non ? Et puissant pour faire tomber les murs qui séparent les fournisseurs des clients, et les personnes dites normales de celles qui sont handicapées.
Yannig Raffenel
Sodexo : née à Marseille il y a 53 ans, 470 000 collaborateurs dans le monde, 35 000 en France. Willy Gauthier Directeur Général du secteur médico-social : EPÄD, enfants, ados, adultes handicapés, au travail ou en foyers de vie, résidences services pour seniors, clinique spécialisées psychiatriques ou soins de suite.Raison d’être : maintenir autonomie des personnes âgées ou handicapées : développer leur autonomie.
Sauvegarde 13 : Association et entreprise ESS Bouche du Rhône. Protection de l’enfance, Accueil petite enfance, Médico-social. 1000 collaborateurs 50 M€. Servent 1000 repas par jour.