« De toute façon, c’est bien connu, les femmes travaillent moins que les hommes. Elles sont moins impliquées dans leur boulot, mais c’est normal, elles ont tellement de choses en tête : les enfants, le ménage, les courses… » « On ne va quand même pas recruter une trentenaire ? Elle va nous faire un bébé dans l’année, et hop, congé maternité, puis départ tous les soirs à 17h sans compter les absences pour s’occuper des enfants malades ! » « Oui elle gagne moins que son homologue masculin. Mais c’est normal, elle a moins de potentiel, et puis de toute façon en tant que femme elle n’atteindra jamais un poste de direction. »
Ces clichés ont la vie dure, j’ai l’impression de les avoir toujours entendus et, bien plus inquiétant, de ne pas percevoir d’évolution sur ce sujet, en particulier dans les médias. En tout cas, je n’en percevais pas, mais les choses changent progressivement et je suis d’avis que la Qualité de Vie au Travail n’est pas étrangère à cet embellissement.
Je souhaite partager avec vous ma vision des choses ainsi que mon expérience en tant que DRH « obsédée par la Qualité de Vie au Travail » sur cette question.
Le secteur financier semble être un bon élève en matière d’égalité professionnelle femmes / hommes. Est-ce votre perception ?
Les chiffres sont corrects si on raisonne tous métiers confondus et toutes CSP confondues. Mais si on entre dans le détail des métiers, des géographies et des responsabilités, la réalité est autre me semble-t-il.
Vous êtes unique, comme n’importe qui d’autre
d’après Anu Garg
Contradictions flagrantes? Les entreprises sont le théâtre de convergences et de divergences entre conditions d’emploi. Les carrières des personnels féminin et masculin ne progressent pas identiquement. Bien des écarts jouent en défaveur des femmes dans le monde du travail, mais certains hommes s’estiment progressivement déclassés. Un tour d’horizon éclaire des évolutions contrastées: puisque l’éventail des questions posées par les discordances est très ouvert, l’inventaire n’ est pas exhaustif . Un aperçu de pistes à explorer donne cependant à réfléchir.
Le modèle du manager masculin comme
« idéal-type » de l’entreprise traditionnelle
Historiquement, on a longtemps associé des caractéristiques telles que la force physique et mentale, le charisme, le goût du pouvoir et la domination au genre masculin. A contrario, la soumission et l’obéissance, fondées sur une incapacité à agir (passivité) et à faire face (aveu de faiblesse), la sensibilité ou l’empathie étaient plutôt considérées comme l’apanage du genre féminin. Il en résultait une séparation des univers selon son sexe : l’extérieur (le monde professionnel, la carrière) pour les hommes et l’intérieur (la maison, le cercle familial) pour les femmes.