5 Questions sur la formation Soft Skills et la Réalité Virtuelle

La formation soft skills en réalité virtuelle: à quoi ça sert ? Comment ça marche? Comment se lance-t’on ? Christophe Mallet, CEO de la plateforme de formation immersive BODYSWAPS®, répond à 5 questions essentielles sur la formation soft skills en réalité virtuelle.

La formation soft skills en réalité virtuelle, ça consiste en quoi au juste ?

La formation immersive consiste simplement en l’utilisation des technologies immersives, telle que la réalité virtuelle, comme outil d’apprentissage. La formation immersive se décline fondamentalement en 3 propositions de valeurs: acquisition de compétences techniques, acquisition de connaissances théoriques et pratique comportementale.

L’exemple du simulateur de vol est souvent utilisé pour démontrer que la formation immersive n’est pas nouvelle. Il permet de simuler des situations d’accidents techniques ou de conditions environnementales qu’il serait bien trop coûteux, dangereux ou simplement impossible à recréer en réalité. Le simulateur protège le pilote, uniformise la formation, permet de mesurer les progrès effectués et accélère l’acquisition de compétences. Il serait aujourd’hui absurde d’imaginer s’en passer.

Fondamentalement, la formation en VR suit le même modèle. A ceci près qu’un simulateur de vol coûte entre 1 et 10 millions d’euros là où les derniers modèles de casque grand public coûtent moins de 500 euros. Ainsi, la formation soft skills en VR, c’est avant tout la démocratisation d’un cas d’usage qui existe depuis plus d’un demi-siècle. Ici, on ne simule pas d’incident technique mais une interaction sociale: interview, présentation, team meeting, revue de performance...etc. On permet à l’apprenant d’approfondir sa compréhension d’un contexte organisationnel et du système de relations humaines qui s’y développe, d’expérimenter les effets de ses propres actions en interagissant avec des humains virtuels, de faire des erreurs, de réfléchir sur sa performance, puis enfin de gagner en confiance et en compétence.

Quelles solutions offre la réalité virtuelle aux défis RH actuels ?

Ce n’est un secret pour personne: avec l’avènement de la 4e révolution industrielle, l’économie s’automatise et, par ricochet, les besoins de formation des entreprises se cristallisent autour des compétences humaines, des soft skills. Ce nouveau défi organisationnel, titanesque autant que critique, est avant tout humain. Il s’agit d’améliorer les compétences soft skills pour tous, de mettre en place des stratégies de lifelong learning convaincantes pour attirer et conserver les talents, de transformer le lieu de travail pour accueillir une force de travail avant tout digitale, éclatée et globalisée et d’utiliser enfin la donnée humaine pour informer la stratégie organisationnelle.

Dans une logique de démocratisation des formations comportementales, les interventions en présentiel sont simplement trop coûteuses. Quand aux solutions eLearning, elles ne sont par nature pas adaptées au registre expérientiel d’empathie et de réflexion sur soi qu’exige le changement comportemental. La réalité virtuelle apporte une solution à ce casse-tête en permettant de superposer l’impact pédagogique d’une mise en situation avec une structure de coûts et une capacité de démocratisation proche du eLearning.

Enfin, Il ne s’agit pas seulement d’optimiser les coûts de déploiement d’une formation comportementale en diminuant des coûts logistiques et de productivité. Il ne s’agit pas non plus simplement d’uniformiser et de mieux mesurer la performance de ces programmes. Avant tout, la réalité virtuelle est une technologie fondamentalement plus puissante que tout ce qui l’a précédé pour transformer les comportements de manière durable. Plus personne ne peut se permettre de simplement ‘cocher des cases’. La transformation de la culture d’entreprise et l’amélioration des compétences soft skills sont devenues des questions de survie.

Est-ce que ça marche ?
Qu’en dit la recherche ?

Cela fait maintenant plus d’une décennie que des équipes de recherche, partout autour du globe et notamment en France, explorent les nouveaux champs d’application de la transformation comportementale grâce à la VR. Les études s’accordent pour souligner l’impact de la VR sur l’empathie et les changements d’attitude, conscients ou inconscients, à long-terme. Parmi les résultats les plus fascinants, on trouve une réduction du biais de racisme implicite, un changement d’attitude inconscient envers les sans-abris, une amélioration des symptômes dépressifs ou encore une baisse des violences conjugales.

Du point de vue de l’apprentissage, les conclusions s’organisent autour de 4 grands axes. Premièrement, l’immersion dans un univers virtuel améliore l’implication de l’apprenant, ce qui favorise la cognition et la mémorisation. Ensuite, le fait d’avoir un corps virtuel synchronisé avec ses propres mouvements crée l’illusion d’être socialement présent dans une simulation et influence l’évolution de biais cognitifs implicite. Troisièmement, la possibilité qu’offre la VR de vivre l’expérience de l’altérité, d’être virtuellement d’un autre genre, d’une autre couleur de peau, ou d’une condition sociale différente, a une influence durable, une fois de retour dans la vie réelle, sur l’attitude inconsciente à l’égard de ces groupes. Enfin, la possibilité de changer de perspective pour se revoir agir et parler d’un tierce point de vue encourage l’auto-réflexion et stimule l’adoption rapide de nouveaux comportements.

Avez-vous un exemple de case study pertinent à partager?

Nous avons récemment collaboré avec la Humanitarian Leadership Academy pour développer Safeguarding VR, une expérience de training pour la protection des populations vulnérables, en l’occurrence les femmes volontaires et/ou réfugiées, victimes de harcèlement et d’abus sexuels. C’est typiquement un sujet délicat pour lequel les soft skills, à savoir la maîtrise les bonnes pratiques pour mener une discussion avec une survivante de harcèlement, sont extrêmement importants. On imagine aisément qu’un cours de eLearning soit insuffisant pour cela et il va sans dire que la culture actuelle du "apprends sur le tas ou fermes les yeux” ne peut plus durer.

L’application est en cours de pilotage dans 2 agences de l’ONU ainsi que plusieurs ONG internationales. Les premières données collectées indiquent un net progrès au niveau de la connaissances des bonnes pratiques ainsi que de la confiance et du désir de les mettre en application.

Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs qui souhaitent se lancer?

Tout d’abord, désigner un champion et donnez-lui le pouvoir décisionnaire et les ressources pour au moins financer et gérer le déploiement d’un pilote. Il faut rapidement définir un système de mesure des coûts et de la compétence avant/après, idéalement en la comparant avec la méthode traditionnelle. Ce pilote doit idéalement se concentrer sur un petit échantillon de population pour lequel la compétence en question est cruciale. Enfin, il faut s’armer de confiance et de patience. Comme face à toute nouvelle approche technologique, les sceptiques, et autres paresseux "cocheur de cases” feront de la résistance. Mais celle-ci ne durera qu’un temps car, à n’en pas douter, la formation immersion représente l’avenir.

 

Christophe Mallet

Christophe Mallet est le CEO de BODYSWAPS®, la première plateforme de training immersif à utiliser la réalité virtuelle pour la formation soft skills. https://bodyswaps.co/

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    Mots-clés: FORMATiON, E-LEARNING, APPRENTISSAGE, COMPETENCES, SOFT SKILLS

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